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Trop, c'est trop,

le conseiller du maire de Camopi, Serge Cazala,  rapporte des faits qui sont indignes de la France et mettent en évidence l'irresponsabilité des dirigeants nationaux et Guyanais


(publié dans France Guyane le 18/02)

Les événements sociaux se succèdent : on bloque les ports, les avions, les rues, on arrête momentanément les soins, les bus, on se prépare à bloquer la Poste... La liste ne fait que s'allonger de jour en jour, cuisant constat d'échec pour les élus et les autorités qu'elles soient locales ou nationales.

C'est une gêne quasi permanente qui encombre notre quotidien, encore que, à Camopi, nous sommes loin des conflits, cela ne peut nous atteindre. C'est vrai !

Depuis juin, les populations de Trois Sauts sont sans téléphone et on n'est pas en mesure de nous dire quand nous serons en état d' être à nouveau opérationnel. Pire même, la commune paye l'abonnement pour un troisième poste sans qu'aucune communication n'ait été opérée depuis son installation (plus de 10 ans au moins), ce que l'ancien directeur M. Jean François Ferté ignorait totalement. Apprenant que nous avions de plus, reçu un léger dégrèvement sur l'abonnement de ce poste pour "dépannage tardif ", il avait qualifié la situation d'ubuesque.

Tant mieux, mais tout est toujours en l'état.

Cabine en panne

A Camopi, grâce à l'affrètement par la commune d'un hélicoptère, nous avons pu acheminer une équipe de France Télecom pour remettre en état de marche la cabine publique et le dispensaire, en panne depuis plus de six mois. La cabine a fonctionné quatre jours, elle est de nouveau en panne.

A cette occasion, nous avons également pu acheminer à Camopi, dix neuf sacs postaux (près de 300 kg) de courrier en attente de transport depuis le mois de novembre, alors qu'une convention existe entre la Poste et l'Armée pour le transport du courrier ! Nous avons pu ainsi recevoir des convocations à des réunions importantes auxquelles, bien sûr nous n'avons pu participer.

Que dire des problèmes importants que rencontrent les populations de Camopi avec leurs livrets ? Certains administrés n'ont pas pu toucher d'argent depuis plus de quatre mois, d'autres ont appris avec stupéfaction que leurs comptes étaient partis.... à Maripa-Soula.

 Décès de nourrissons

C'est vrai également que nous jouons vraiment de malchance car nous sommes tombés en panne de réseau d'eau potable alors que les ports étaient bloqués et que les pompes salvatrices se trouvaient dans les containers en attente au large.

C'est la malchance qui nous poursuit quand une épidémie de coqueluche décime Camopi (trois décès de nourrissons à l'heure actuelle) et que les avions sont cloués au sol, rendant l'acheminement de médicament nécessaires impossible, sauf grâce à la compréhension d'Héli Inter qui a spontanément mis un vol à notre disposition, retardant les autres rotations prévues. C'est également la malchance quand hier au soir (le 7 février) l'hôpital nous appelle (à la Mairie annexe de Camopi à Cayenne) pour venir récupérer un malade à Trois Sauts, évacué sanitaire, car en prévision d'un manque de place on ne peut garder ce malade à l'hôpital. Nous l'avons donc récupéré aux Urgences à 20 heures (le malade est arrivé à 16 heures), muni de son ordonnance pour les médicaments et sa convocation en visite pour le 11/02. Problème supplémentaire, le malade n'a pas un sou vaillant pour acheter les médicaments et subvenir à ses besoins.

Cette pratique est courante. Il y a deux ans déjà, faute de place, six nourrissons ont été sortis de l'hôpital et portés sans préavis, chez les familles amérindiennes vivant à Cayenne. Nous avons vu arriver à la mairie les mères de familles de circonstances avec les enfants dans les bras nous demandant ce qu'elles devaient en faire.

Et pendant ce temps-là ...

Et pendant ce temps-là, les autorités et les élus jouent les globe-trotters, à Macapa, à Porto Alegre ou ailleurs, prononcent des discours (je parlerai plutôt de confession publique d'échec notoire) sur le développement durable, sur la protection de l'environnement.

Tout un chacun a pu constater avec le reportage sur l'or à Saint-Elie comment on s'occupe de l'environnement en Guyane, comment surtout l'autorité d'un maire peut être discréditée avec le sourire, malgré la présence des forces de l'ordre !

Il en est de même sur la Sikini où la population clandestine est en passe de dépasser la population de la commune, avec des villages entiers constitués sans que cela puisse gêner quelque peu les consciences.

Saccage de l'environnement, empoisonnement des zones de subsistances, pillage des richesses, trafic d'or, prostitution, impossibilité de lutte antivectorielle due à l'insécurité alors que les services sanitaires brésiliens considèrent cette zone comme foyer du paludisme le plus virulent.

Une question enfin : à quoi peuvent donc servir les fûts de kérosène et d'acide entreposés sur un îlet brésilien face à l'entrée de la Sikini ?

Dernièrement enfin, dans la nuit du 31 janvier au 1er février, 3 vols de canot et de moteurs ont eu lieu à Camopi. La Légion dispose d'un guetteur jour et nuit. Il n'aurait pas pu distinguer s'il s'agissait d'amérindiens ou de brésiliens. En tout état de cause aucune alerte n'a été donnée. Dommage.

En fait, c'est vrai que cela ne mérite pas de fouetter un chat, encore moins d' empêcher les élus et les autorités de se promener.

La honte n'existe pas en Guyane.

Serge Cazala,

conseiller du maire de Camopi


"Le chemin entre l'indifférence et le mépris n'est pas bien long,

il est le même entre le mépris et le racisme"

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