Il ne fait de doute pour personne (hormis les
autorités et quelques scientifiques asservis) que
toutes les conditions d'un nouveau Minamata sont
réunies en Guyane française.
De multiples analyses scientifiques (Institut National
de Veille Sanitaire, INSERM, IRD,
) ont
révélé puis confirmé des taux
d'imprégnation mercurielle de groupes de
populations (principalement amérindiennes dans le
Haut-Maroni et le Haut-Oyapock) à des niveaux tels
que, au-delà des conséquences
médicales constatées (altération de
la vue, de l'ouïe, de la motricité, des
réflexes,
), les incidences
génétiques sont inéluctables.
Déjà de très nombreux cas
d'enfants mort-nés et de malformations
ftales (exemple : enfants sans membres ou sans
oreilles) échappent à toutes statistiques
médicales car non constatés dans les
structures du corps médical. Dans chaque village
amérindien (Wayana et Emérillon) du
Haut-Maroni et surtout du Tampoc, quasiment toutes les
femmes ayant eu plusieurs grossesses en ont eu au moins
une non aboutie. Dans le même temps qu'en est-il
pour les enfants nés viables mais dont les
gènes auront été
altérés par l'imprégnation
mercurielle ?
L'imprégnation mercurielle est essentiellement
imputable à la consommation de poisson
contaminé (et plus particulièrement les
poissons carnivores) par le méthyl-mercure issu de
l'activité aurifère. Mais malgré les
recommandations déculpabilisantes des
autorités les amérindiens n'ont pas
d'alternative dans la mesure où le gibier est
très rare (décimé par les
orpailleurs qui exploitent sur les zones de subsistances
des amérindiens) et le poisson constitue leur
principale source de protéines.
Après le sang contaminé et la vache
folle, à quand un procès à
l'échelle nationale sur l'imprégnation
mercurielle?
La plainte contre X pour empoisonnement au mercure
avec constitution partie civile déposée en
janvier par la FOAG (à partir du texte
proposé par Solidarité Guyane) au Tribunal
de Cayenne est en cours d'instruction (et probablement
pour longtemps au regard du peu d'empressement des
représentants de la justice en Guyane).
Pendant ce temps-là l'orpaillage et son
corollaire environnemental destructeur s'intensifient en
'pays indien'. L'administration, de par sa complaisance
à l'égard du cartel (pour ne pas dire
mafia) de l'orpaillage, cautionne des espaces de
non-droit. Au nom du 'développement durable'
quelques orpailleurs bénéficient de
protection et s'enrichissent aux dépens de la
collectivité publique, tout en asservissant le
personnel qu'ils emploient.
Quid des exploitations illicites au vu et au su des
autorités ?
Quid des charniers découverts à Dorlin
?
Pour 3 tonnes d'or
extraites :
- 1 tonne rembourse les investissements et les
coûts d'extraction,
- 1 tonne constitue la marge
bénéficiaire,
- 1 tonne finance la liberté
d'opérer dans l'illégalité (et,
selon certains, alimenterait les caisses de partis
politiques).
Dans les salons feutrés de la technocratie, la
stratégie évoquée est : il est
urgent de ne rien faire. Maintenons cette situation en
l'état pendant encore 5 ans. Les sites vont
s'épuiser et l'orpaillage se réduira de
lui-même.
Hélas, c'est sans compter sur la
cupidité des hommes et la réalité du
contexte géopolitique local. Car pour
protéger les contrats commerciaux d'Ariane,
combien de temps la France métropolitaine gardera
sous silence la réalité guyanaise et son
état de sous-développement et
tolérera ces espaces de non-droit ?
Le résultat des dernières analyses
mercure dans les villages Wayana du Haut-Maroni
sont disponibles en ligne.